La famille KNOEPFFLER

Le dossier personnel de Louis Knoepffler

          Le 11 novembre 1911, le Kreisdirektor Freiherr von der Goltz rédige un rapport sur le maire de Saverne qui vient d’être élu au Landtag dans la circonscription de Saverne-Marmoutier. Le voici, résumé et traduit :

 

            « - A l’actif du nouvel élu, sont à retenir son attitude politique longtemps loyale et le fait que ses deux fils Louis et Auguste ont servi sans problème dans l’armée allemande.

 

            - Mais le passif est lourd et remonte à loin… Dans sa jeunesse, Knoepffler n’a pas poursuivi sa scolarité en Alsace mais à Nancy. Son mariage avec Joséphine Augusta Schmalholtz[1] n’a rien arrangé. Celle-ci prend régulièrement le train pour Nancy ou Paris., pour y acheter ses toilettes… Une de leur fille est fiancée à un officier français. Le maire appartient au petit cercle de la bourgeoisie francophile de Saverne. Il serait au moins sympathisant, sinon membre du Souvenir alsacien-lorrain local, quoiqu’il s’en défende avec véhémence. Surtout, au cours d’une réunion électorale en octobre 1911 à Marmoutier, il a traité les fonctionnaires allemands de façon désobligeante : « S’ils ne se plaisent pas en Alsace, ils n’ont qu’à partir, et on les conduira au besoin au-delà du Rhin ! » Au cours de la même réunion, il a qualifié de façon éhontée le secrétaire d’Etat prussien Delbrück[2] : C’est un type effronté de l’autre bord (du Rhin) – ein unverschämter Kerl von Drüben-… Knoepffler appartient enfin à la fraction francophile du Centre catholique, proche de l’abbé Wetterlé. »

     

            Avec l’affaire de Saverne, le cas de Knoepffler s’aggrave. A son corps défendant, le maire personnifie la petite ville rebelle, ce qui lui vaut les foudres de la presse pangermaniste et une notoriété négative en Allemagne[3]. Ses prises de position au conseil municipal local, à l’assemblées des maires d’Alsace-Lorraine et au Landtag indisposent les autorités. Sa réélection en mai 1914 est un camouflet pour les autorités allemandes. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant qu’en juillet 1914 le Statthalter von Dallwitz désavoue le suffrage populaire et le conseil municipal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   



[1] La famille Schmalholtz tient un commerce de marchands de bois. Après les difficultés de la tannerie familiale, Louis Knoepffler intègre l’entreprise familiale de son épouse, rue de Dettwiller.

 

[2] Delbrück est un artisan de la constitution de 1911.

 

[3] Suite à l’affaire de Saverne, Knoepffler reçoit à la mairie des lettres d’injures de la part d’Allemands pangermanistes.



12/05/2015
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